Chapitre 1 – L’EMBALLAGE
Si nous sommes tous convaincus que l’Évangile est bien le plus beau message au monde, nous devons constater que, trop souvent, sa présentation est loin d’être la meilleure au monde.
Le trésor est magnifique mais l’emballage laisse parfois à désirer.
Imaginez que j’aie acheté pour l’anniversaire de ma femme un cadeau. Je sais qu’il va lui faire plaisir. Je n’ai toutefois pas eu le temps de trouver du papier cadeau. Je prends alors ce que j’ai sous la main : un journal que je trouve dans ma poubelle de bureau. J’emballe le précieux cadeau. Je le cache derrière mon dos, tout en chantant : « Joyeux Anniversaire chérie… ! »
Au moment de lui offrir le présent, je me rends compte qu’elle n’est pas vraiment impressionnée par mon empaquetage de bas de gamme. Elle n’est même pas vraiment pressée de l’ouvrir… Yukki, mon épouse tient entre ses mains un cadeau magnifique mais dans un triste emballage.
Si l’Évangile est vraiment le plus beau cadeau que l’on puisse offrir, il nous faut tout faire pour que la présentation du message soit la plus belle qui soit.
Le comédien et conteur français Alain Combes, qui fut l’un des intervenants à la formation ‘Pratique et Éthique de la Communication’ que j’ai suivi en Suisse, écrit dans son livre ‘L’oralité de la prédication’ :
« Tout entier braqués sur le contenu du message délivré, nous portons parfois peu d’intérêt à la manière dont il est – justement – délivré. Pourtant le souci du contenu ne peut exister sans les soucis de la forme orale, de la pratique physique, physiologique et même artistique qui s’exprime dans l’oralité. Le message est porté, formé (ou déformé) par l’énergie du prédicateur, par sa diction, sa voix, son comportement, par l’intelligence et les nuances qu’il donne à travers sa capacité expressive. »
« Le Royaume des cieux est encore semblable à un trésor enfoui dans un champ… » ( Mt 13, 44)
Chapitre 2 – LE PLONGEOIR !
La statistique reste inchangée: environ 77 % des gens souffrent d’anxiété d’élocution, la peur de prendre la parole en public.
La glossophobie arrive souvent en tête des peurs des Français.
Selon certains sondages, à la question : « Qu’est-ce qui vous fait le plus peur dans la vie ? », plus de la moitié des personnes interrogées répondent : parler en public. C’est pire que la phobie des araignées et des serpents, ou la peur de prendre l’avion, ou même de se noyer !
Sur le Net circule une histoire racontant que, lors d’un enterrement, certaines personnes préféreraient se retrouver dans le cercueil plutôt que de prendre la parole pour l’oraison funèbre !
Le diable et ses démons feront tout pour maintenir dans cet état de peur ceux que le Saint-Esprit appelle à proclamer la Bonne Nouvelle !
Ils feront tout pour paralyser ceux qui n’ont encore jamais annoncé l’Évangile en public, mais aussi ceux qui prêchent déjà depuis longtemps.
Des millions de croyants à travers le monde sont enfermés dans la prison de la glossophobie. Ils ont pourtant dans leur cœur un message brûlant, mais la peur les tient prisonniers.
Dieu soit loué : depuis déjà 2000 ans, la porte de cette prison est grande ouverte ! Depuis que Jésus a déclaré : « Allez par tout le monde et prêchez la Bonne Nouvelle ! », Dieu nous appelle à nous lever, à sortir du cachot et à courir dans notre appel.
Quand j’étais jeune garçon, à Clermont-Ferrand, j’allais souvent à la piscine. Je savais nager mais n’osais pas m’élancer du plongeoir qui s’élevait au-dessus du grand bassin.
Un jour, frustré de voir les autres enfants prendre plaisir à sauter, j’ai décidé de gravir, à mon tour, les marches. Je tremblais à chaque pas. Je tremblais davantage encore quand je suis finalement arrivé sur le plongeoir.
La peur au ventre, j’aurais préféré redescendre sur la terre ferme. Je crois que c’est la crainte de passer aux yeux des autres pour une poule mouillée (et je n’étais pas encore mouillé !) qui m’a retenu.
J’ai pris mon élan et sauté. Après ce qui m’a semblé une éternité, mes pieds ont fendu l’eau. Je suis ressorti du bassin, un peu sonné mais tellement heureux. Je crois que j’ai passé le reste de la journée à sauter du plongeoir.
Ce jour-là, j’ai décidé de ne pas laisser la peur me paralyser. En m’élançant au-dessus du grand bassin, j’ai noyé la peur !
Alors que vous vous dirigez pour la première fois ou la centième fois vers le pupitre pour prendre la parole, regardez vos craintes finir au fond de l’eau !
« En effet, ce n’est pas un esprit de timidité que Dieu nous a donné, mais un esprit de force, d’amour et de sagesse. » (2 Timothée 1 v 7)
Je vous invite à noter maintenant sur une carte une ‘déclaration de foi’ : quelques lignes à proclamer à haute voix pour faire taire la glossophobie. Par exemple : « Je ne laisserai pas la peur de proclamer La Parole de Dieu me tenir prisonnier. » Ou « Avec l’aide du Saint-Esprit, je sauterai du plongeoir ! »
Chapitre 3- LE PUZZLE
Lorsque j’étais enfant, je voyais souvent mon papa préparer ses prédications sur le bureau, dans sa chambre. C’est là, seul avec Dieu, qu’il trouvait l’inspiration.
Quand, des années plus tard, vint mon tour de travailler sur un sermon, je me suis rendu compte que m’asseoir à mon bureau n’était pas nécessairement le meilleur endroit.
C’est en me promenant dans la nature, ou même en nageant, que les pensées pour une prédication se formaient en moi.
Et pour vous, à quel endroit ou à quel moment de la journée trouvez-vous l’inspiration ? Essayez différentes options pour découvrir là où vous vous sentirez le plus à l’aise.
Je note sur une feuille les idées qui sont comme les premiers morceaux d’un puzzle. Un puzzle qui s’élargira au fil des jours, jusqu’au moment où toutes les pièces seront finalement réunies.
« Dieu parle cependant, tantôt d’une manière, tantôt d’une autre, et l’on n’y prend point garde. » ( Job 33 : 14)
Les idées (comme les pièces d’un puzzle) ne viennent pas nécessairement dans le bon ordre. Peu importe, petit à petit, conduit par l’Esprit, votre sermon sera complété.
Je garde dans un dossier ‘Sermons potentiels’, des feuilles avec des idées de prédications. Chaque feuille ressemble à une boîte de puzzle. Certains de ces puzzles spirituels sont à peine commencés, d’autres sont presque terminés. J’ai des prédications de 50 pièces (pour les fois où je n’aurais que 10 minutes pour prêcher) et des prédications de 300 pièces pour le message d’un culte par exemple).
Avant même de commencer votre puzzle, vérifiez certains points importants : connaissez-vous l’âge de votre public, savez-vous où vos auditeurs en sont dans leur parcours de foi.
Il est important d’être bien briefé en amont… Il n’y a rien de plus gênant que de se trouver devant un auditoire qui est différent de ce que vous aviez envisagé…
N’attendez pas d’avoir tout de suite toutes les pièces du puzzle. Commencez déjà avec les quelques pensées que le Seigneur a déposé sur votre cœur…
Chapitre 4 – LA RÉPÉTITION.
Une bonne manière d’être plus à l’aise face à l’auditoire, c’est de vous entraîner chez vous ‘dans les conditions du direct’.
Dans votre bureau ou votre chambre, face au miroir ou au mur. Debout, pratiquez à haute voix en visualisant vos auditeurs.
L’avantage de répéter seul chez soi, c’est que vous pouvez vous tromper autant de fois que vous le voulez ! C’est plus gênant par contre quand c’est face à l’auditoire !
Pour avoir répété chez vous, le jour ‘j’ vous serez :
– plus naturel,
– à l’aise pour improviser, si nécessaire,
– et mieux à même de gérer une situation inattendue.
Quand je prends conscience du ministère auquel Dieu m’a appelé, je vais investir le temps qu’il faut pour bien préparer chaque message.
Paul disait au jeune prédicateur Timothée : « …applique-toi à lire les Écritures dans l’Assemblée, à encourager, à enseigner. Ne négliges pas le don que tu as reçu… » 1 Timothée 4 : 13,14
Je vous conseille aussi de répéter à haute voix le passage biblique. Souvent, quand j’entends un prédicateur buter sur les mots au moment de la lecture, je me dis ‘ Sans doute qu’il n’a pas répété à l’avance le texte à haute voix.’
Quand c’est possible, j’aime réviser mon message dans la salle encore vide. La veille, par exemple, et prêcher face à des chaises vides. Je serai alors plus confiant quand je me retrouverai au même endroit, le jour de la réunion.
La règle est la même si vous avez un interprète. Exercez-vous en amont avec celui ou celle qui vous traduira.
Si vous, vous connaissez bien votre sermon, lui, non. L’interprète a besoin d’être à l’aise comme vous, face à l’auditoire. Vous lui rendez un énorme service en répétant avec lui. Ne vous contentez pas de lui décrire les grandes lignes de ce que vous allez dire ou de lui envoyer à l’avance les notes du message. Ce n’est pas suffisant ! Il n’y a pas de pire scénario pour l’orateur que de faire la connaissance de son interprète alors que la réunion a déjà commencé, et d’essayer, au premier rang, de lui expliquer (alors que le groupe de louange est déjà sur les chapeaux de roues !) le contenu du message !
S’il est frustrant, pour l’interprète, de découvrir votre prédication en même temps que l’auditoire, il est tout aussi frustrant de prêcher avec un interprète qui se retourne constamment pour vous demander de répéter ce que vous venez de dire.
À l’étranger, j’insiste fortement pour rencontrer à l’avance celui ou celle qui me traduira afin qu’à deux, nous puissions répéter l’ensemble de mon intervention. (En plus, vous serez l’un et l’autre bénis d’avoir proclamé la Parole de Dieu avant même que la réunion n’ait commencé !)
Le pasteur José Almeida est parmi les meilleurs interprètes avec lesquels j’ai exercé. Je garde de si bons souvenirs de nos tournées d’églises au Brésil. Nous avions si bien préparé les différentes interventions que nous étions sur l’estrade comme deux patineurs sur glace. La symbiose était telle qu’il semblait que l’auditoire n’entendait plus deux voix, ou même deux langues, mais une seule.
Je me souviens d’une rencontre de jeunesse, il y a des années, aux Pays-Bas. À mi-chemin dans la prédication, le jeune homme qui traduisait en néerlandais, s’est rendu compte que les jeunes à qui je m’adressais en anglais comprenaient parfaitement ce que je disais. Il s’est gentiment éclipsé pour me laisser seul continuer à prêcher !
Chapitre 5 – LA PRIÈRE
Dès que vous savez que vous allez prêcher quelque part, placez-vous chaque jour devant Dieu.
Priez constamment pour cette intervention. Priez non seulement quand vous vous asseyez pour préparer le message, mais tout au long de la journée : en voiture, en faisant les courses, en préparant le repas…
« Priez sans cesse. Remerciez Dieu en toute circonstance : telle est pour vous la volonté que Dieu a exprimé en Jésus-Christ. » ( 1 Thessaloniciens 5 : 17-18)
Priez pour l’auditoire, pour des cœurs attentifs et ouverts. Priez pour votre propre cœur : qu’il soit rempli d’amour, humble et ouvert à la direction du Saint-Esprit.
Trempez votre sermon dans la prière !
Sollicitez des amis chrétiens pour qu’ils vous rejoignent dans l’intercession. Indiquez-leur à quel moment précis vous allez prendre la parole. Demandez-leur s’ils peuvent également prier pendant la durée de votre intervention. De la même manière qu’un chirurgien demanderait à des proches de prier pour la sagesse de Dieu pendant qu’il opère un malade.
Mon épouse et moi tenons toujours informés nos partenaires de prière de nos différents déplacements d’églises. Nous leur donnons aussi l’heure précise où nous devons prendre la parole.
Ne vous contentez pas de remplir votre réservoir spirituel avec le pasteur et le groupe de louange 15 minutes avant le début de la rencontre. C’est bien, mais ce n’est pas suffisant. C’est au cours des jours ou des semaines précédant la réunion qu’il vous faut remplir ce réservoir. Faites le plein de carburant spirituel avant de prendre la route vers l’estrade !
C’était en 2016. Je venais d’atterrir à Paris-Charles-de-Gaulle après un vol en provenance du Cambodge. J’étais venu prêcher pour le week-end de Pâques à l’Église Paris-Métropole, dans le quartier de la Bastille.
J’étais face à plusieurs défis : le décalage horaire après un très long voyage, le fait que je prêchais à cette époque peu en français et, dernier défi non des moindres, le fait qu’il m’avait été demandé de prendre la parole deux fois le vendredi, une fois le samedi et trois fois le dimanche.
Le dimanche après-midi, après ma dernière intervention, je me suis rendu compte que j’étais encore en forme. J’étais même prêt, s’il le fallait, à remonter sur l’estrade !
Je me tourne vers Didier Biava, l’un des responsables de l’assemblée :
« C’est étonnant, je ne suis pas fatigué ! »
Le pasteur Biava m’indique alors une pièce tout à l’arrière de la grande salle. « Dans cette petite salle, Timothée, une équipe d’intercesseurs s’ est retrouvée à chaque réunion. Toutes les fois où tu as pris la parole, ils t’ont soutenu. Ces frères et sœurs ne se sont arrêtés de prier qu’au moment où tu as terminé de prêcher ! ».
Si tous les pasteurs pouvaient suivre l’exemple de cette église ! Si chaque prédicateur pouvait être soutenu de cette manière !
« Aaron et Hur soutenaient les mains de Moïse, l’un d’un côté, l’autre de l’autre. Ainsi, elles restèrent fermes jusqu’au coucher du soleil… » Exode 17 v 14.
Avez-vous trouvé votre Hur et votre Aaron, ces volontaires (qui peuvent se retrouver dans le bureau du pasteur ou dans l’une des pièces de l’école du dimanche) pour tenir vos mains pendant toute la durée de votre message ?
La rencontre ‘Al Maghreb’ , organisée chaque mois à Mulhouse pour les Nord-Africains, fait partie de ces rares lieux de cultes où une réunion d’intercession se tient parallèlement au rassemblement.
Une réunion d’intercession n’aura aucun impact sur le budget de l’église, mais aura sans aucun doute un impact dans le cœur des auditeurs.